1943-2019 |
Le 3 décembre 2019
C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès de Paul Villeneuve qui m’a longtemps servi de modèle dans la vie. En plus d'avoir codirigé ma thèse de maîtrise en géographie, durant des années, nous avons surtout été des militants très engagés du Rassemblement populaire de Québec, un ancien parti politique municipal tout particulièrement combatif, là où ensemble avec mes deux frères, Guy et Jean, notamment, nous avons réussi de bons coups dont, entre autres, la confection de la carte électorale de Québec (1981) qui allait servir durant vingt ans pour toutes les élections municipales à venir. Que de travail, mais que de beaux souvenirs !
À force de le côtoyer presque quotidiennement, Paul m'a assurément transmis au moins une partie de sa grande détermination en même temps que sa soif d’engagement et de justice sociale. Et plus tard, Paul et moi avons même failli devenir des collègues. Hé oui ! En effet, dans une conversation sur un tout autre sujet, à brûle-pourpoint au début des années 1990 il m’a déjà lancé : « Jules, si tu étais resté à l’Université Laval pour y faire ton doctorat plutôt que d’être allé à McGill, aujourd'hui, t'aurais un bureau à côté du mien ». Mais quel honneur ça aurait été pour moi ! Toutefois la vie, ainsi que ses collègues du département de géographie, en auront décidé autrement, aimerais-je ajouter... De ce point de vue, je vous jure que Paul, c'était un homme brave.
J'ai aussi eu la chance d'avoir connu Paul à une époque où de rares géographes comme lui procuraient à la géographie une visibilité certaine dans les médias, même si ce n'était surtout pas dans sa convention collective. Je pense tout particulièrement à un autre géographe, Rodolphe De Koninck, qui, toujours infatigable, demeure encore aujourd'hui une exception notable à cet égard. C'était à une époque où la géographie à l'Université Laval était tout sauf ennuyeuse, parce qu'elle était avant tout une cause. Disons que ça fait très longtemps...
Enfin, tout le monde aimait Paul et Paul aimait tout le monde. Ainsi, quelques semaines avant son décès survenu en 2017, le géographe Dean R. Louder m'écrivait dans un courriel: « Paul, c'est un homme que j'aime ». Après le décès de Dean, j'avais fait part à Paul de ces propos de Dean à son endroit, ce à quoi Paul m'avait répondu qu'il était fier d'avoir pu faire partie des amis de Dean. Enfin, récemment Paul nous a félicités, Édith Mukakayumba et moi, pour la parution chez L’Harmattan de notre plus récent ouvrage collectif sur la géographie, tout en nous recommandant de ne pas lâcher. Il a été un des rares géographes d'ici, avec Rodolphe De Koninck justement, à l’avoir fait. Merci, Paul, de ce courage qui était le tien. Tu étais vraiment un homme bien qui va à coup sûr manquer à tous les gens qui ont eu le bonheur de te côtoyer.
Jules Lamarre, Ph. D. |